L’auto électrique créatrice d’emplois


La voiture électrique, c’est plus qu’une solution écologique. Avec le prix de l’essence qui ne cesse d’augmenter, elle apparaît comme une avenue économique. Mais son développement donne aussi un coup de pouce à une filière industrielle créatrice d’emplois.

À l’heure actuelle, les moyens de transport qui se passent de pétrole se font plutôt rares au Québec. Mais avec les mesures annoncées en avril dernier dans son Plan d’action 2011-2020 sur les véhicules électriques, le gouvernement du Québec espère changer la donne. Son objectif? Réserver à ces véhicules une place plus importante dans le transport des personnes (individuel et collectif) et des marchandises. Le plan prévoit notamment qu’en 2020 un véhicule léger pour passagers sur quatre vendu au Québec soit électrique, l’équivalent de plus de 100 000 voitures.

Bathium Canada compte garnir ses rangs de 245 nouveaux travailleurs d’ici la fin de l’année 2013. De la mi-mars à la fin de juillet 2011, son effectif a d’ailleurs presque doublé, passant de 65 à 120 employés.

Pour favoriser l’utilisation et le déploiement de véhicules électriques et soutenir cette industrie, le gouvernement Charest investit un total de 250 M$. Mis à part les nouveaux incitatifs destinés aux utilisateurs, comme le rabais pouvant atteindre jusqu’à 8 000 $ à l’achat d’un véhicule électrique, une bonne partie des sommes va au développement de la filière industrielle. On compte notamment 36 M$ pour le soutien à l’innovation et à la recherche et développement, 30 M$ pour les assembleurs et les fabricants de pièces et de systèmes pour véhicules électriques et 25 M$ pour attirer des fabricants internationaux.

Québec espère ainsi générer des investissements privés de 500 M$, pour porter de 1 500 à 5 000 le nombre d’emplois directs et indirects liés au secteur du transport électrique, d’ici 2020.

Des atouts

Édith Couture, porte-parole du ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, constate que le Québec est déjà en bonne position pour virer au vert en matière de transport. «Peu de pays peuvent envisager substituer au pétrole importé leur propre source d’énergie. Notre hydroélectricité est une source renouvelable et abondante. Nous disposons d’un réseau électrique fiable pouvant répondre à la demande additionnelle de véhicules électriques. Et l’écart entre le prix de l’électricité et celui du pétrole, au Québec, est favorable aux voitures électriques.»

Le gouvernement mise aussi sur une trentaine d’entreprises actives dans la fabrication de composants de véhicules électriques pour développer le secteur. Par exemple, Bombardier Produits Récréatifs, qui assemble des véhicules hybrides, Bathium Canada, un fabricant de batteries électriques, et TM4, qui conçoit des systèmes de motorisation électrique.

Moteur pour l’avancement

AddÉnergie Technologies, de Québec, est un autre acteur clé du secteur. L’entreprise, qui travaille en association avec le fabricant d’équipements Gentec, a reçu 763 000 $ du Plan d’action 2011-2020 pour développer, fabriquer et exploiter ses bornes de recharge intelligentes. Grâce à ce projet, des infrastructures de recharge pour voitures électriques adaptées au climat nordique seront à l’essai prochainement au Québec.

«Une quarantaine de nos bornes de recharge vont être installées d’ici décembre 2011, se réjouit Louis Tremblay, président et cofondateur d’AddÉnergie Technologies. Nous travaillons aussi sur une borne à recharge rapide qui devrait être prête pour l’été 2012.» L’équipement est présentement destiné au service de partage de véhicules Communauto qui offre à ses abonnés des voitures entièrement électriques de marque Nissan Leaf.

De son côté, Bathium Canada, à Boucherville, une filiale du Groupe Bolloré, de France, a reçu 16 M$ d’aide gouvernementale pour la production et la commercialisation de sa batterie lithium-métal-polymère qui permet de stocker cinq fois plus d’énergie qu’une batterie traditionnelle.

D’autres entreprises ont également bénéficié de financement gouvernemental, dont Phostech Lithium qui a obtenu 7,4 M$ pour la construction à Candiac d’une nouvelle usine de phosphate de fer lithié, lequel entre dans la fabrication de batteries lithium-ion. Il en va de même pour Bombardier Produits Récréatifs qui profite d’une aide de 2,6 M$ pour le développement de la version hybride rechargeable de sa moto à trois roues Can-Am Spyder.

Locomotive d’emploi?

Denis Robillard, président-directeur général de l’Association des manufacturiers d’équipements de transport et de véhicules spéciaux, estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour que l’industrie du transport électrique devienne un important moteur d’emplois. «Pour que cette filière connaisse un véritable succès, l’industrie devra mettre au point une batterie à recharge rapide, dotée d’une autonomie accrue et adaptée à nos hivers, dit-il. Le gouvernement devra également investir dans la commercialisation des produits qui seront développés, mais surtout dans le déploiement du réseau de bornes de recharge. Attirer un constructeur de la trempe de GM ou Ford pour assembler les véhicules électriques serait aussi un atout.»

N’empêche que les efforts gouvernementaux commencent à porter leurs fruits avec la création d’emplois, notamment en ingénierie. «Depuis que la compagnie AddÉnergie Technologies s’est vu octroyer une aide gouvernementale, six ingénieurs en génie électrique ont été engagés par l’entreprise, confirme Louis Tremblay. La moitié d’entre eux développent nos produits, alors que les autres s’affairent aux ventes.» Comme l’entreprise est en plein essor, l’ouverture d’autres postes n’est pas exclue pour développer les produits, le service à la clientèle et le système de gestion centralisé.

Pour sa part, Bathium Canada compte garnir ses rangs de 245 nouveaux travailleurs d’ici la fin de l’année 2013. De la mi-mars à la fin de juillet 2011, son effectif a d’ailleurs presque doublé, passant de 65 à 120 employés.

«Nous avons recruté des techniciens qualité production, des opérateurs en assemblage, des opérateurs cyclage, des opérateurs films ainsi que des commis réception, expédition et manutention, illustre Johanne Bourdon, directrice des ressources humaines de Bathium Canada. Ces mêmes corps d’emplois seront recherchés d’ici la fin de 2013.» Les diplômés en plasturgie, en techniques de génie mécanique, en technologie de l’électronique, en techniques de la logistique du transport ou en montage de structures en aérospatiale sont particulièrement demandés.

Pour l’industrie, le Plan d’action 2011-2020 sur les véhicules électriques est en quelque sorte une Bonne nouvelle GM. Et même s’il reste encore du chemin à faire sur le front technologique et logistique avant de voir les voitures électriques rouler en masse sur nos autoroutes, c’est un pas dans la bonne direction!

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