L’ABC des franchises

En période économique difficile, acheter une franchise peut être un choix plus sécurisant que de lancer sa propre entreprise. Même si les entrepreneurs y perdent une part de liberté en acceptant de respecter une recette éprouvée, certains franchisés arrivent malgré tout à y ajouter leur grain de sel.

Environ 30 % de toutes les ventes au détail au Québec se font dans des établissements fonctionnant sur le mode de la franchise, et selon le Conseil québécois de la franchise, cette part de marché ira en grossissant. «Au fil des ans, ce modèle a prouvé qu’il est plus sécuritaire que le lancement de sa propre entreprise», indique le président du Conseil, Pierre Garceau.

Contrairement aux entrepreneurs indépendants, les franchisés doivent toutefois respecter un contrat détaillé – plus ou moins strict selon la bannière – qui leur dicte des normes bien établies pour gérer leur entreprise. «Le mode d’exploitation d’une franchise est une façon de faire où l’on reçoit et l’on applique une formule gagnante», explique l’avocat en droit des affaires et fondateur de l’Association de protection des franchisés du Québec, Luc Audet. «Il y a peu de place pour la créativité ou la personnalisation de l’entreprise.»

Malgré ce cadre plutôt rigide, certaines idées développées par des franchisés font boule de neige au sein des plus grands réseaux de franchise. Un bon exemple est le McFlurry de McDonald’s, un dessert de lait glacé et de morceaux de biscuits servi depuis 1997 à travers le Canada. «Il a été développé par un franchisé du Nouveau-Brunswick, Ron McLellan, probablement inspiré par le climat hivernal de la région», illustre le directeur des communications de la région de l’est pour McDonald’s du Canada, Jason Patuano. «Aujourd’hui, on peut trouver ce produit un peu partout dans le réseau McDonald’s.»

Ce cas est loin d’être unique. Chez les Rôtisseries St-Hubert, le franchisé Sylvain Bernier a carrément changé le visage des rôtisseries en initiant le concept du Resto-bar Le St-Hub dans les années 1990. «Nous étions en sortie de récession, mais nos ventes stagnaient dans les salles à manger et nous avions du mal à attirer une nouvelle clientèle plus jeune», relate le propriétaire des Rôtisseries St-Hubert de Sainte-Julie, Saint-Hyacinthe et Belœil. «Lors d’un voyage aux États-Unis, j’ai vu un concept très à la mode de café-bar à l’intérieur d’un restaurant, où l’on servait la même nourriture, mais dans une ambiance différente. Alors, j’ai présenté l’idée à St-Hubert.»

Dès que Sylvain Bernier a instauré une section Resto-bar à Sainte-Julie, puis ensuite à Saint-Hyacinthe, les résultats ont été retentissants. Le siège social a depuis intégré le Resto-bar Le St-Hub à tous ses établissements. «Aujourd’hui on n’ouvre plus un restaurant sans inclure ce concept», dit le vice-président restauration et vente pour les Rôtisseries St-Hubert, Pierre Moreau. «C’est une innovation majeure parce qu’au cours des 15 dernières années cela a fait évoluer notre marque. Parfois, les apports des franchisés touchent plutôt une préparation en cuisine ou un outil de gestion plus efficace.»

Quand un franchisé met de l’avant une nouvelle idée, les franchiseurs ont d’ailleurs le droit de choisir s’ils acceptent ou non l’initiative pour l’intégrer à leur modèle standard. «Les améliorations appartiennent contractuellement au franchiseur, qui a le droit de vie ou de mort sur elles», explique Me Luc Audet.

Attention aux dérives

Si certaines initiatives réussissent à conquérir tout un réseau de franchises, d’autres décisions dépassent ce qui est permis par le franchiseur. C’est ce qui s’est produit quand un franchisé de Location Pelletier a offert en promotion un kilo-métrage illimité sur les véhicules loués, sans consulter le siège social. «Nous avons dû l’avertir de suivre les promotions du franchiseur et de proposer ses idées pour tout le réseau, explique le président de Location Pelletier, Sébastien Inkel. Si nous faisons cette offre dans une région, nous sommes obligés de la faire partout afin que le client qui se promène reçoive le même service.»

Une politique semblable est en place chez St-Hubert. «Nous sommes très à l’écoute de nos franchisés, mais ça ne veut pas dire que nous appliquons tout ce qu’ils proposent, indique Pierre Moreau. Par exemple, nous ne mettrons pas à notre menu des produits régionaux qui seraient offerts dans un seul restaurant, parce que notre bannière doit être uniformisée.»

Le Groupe Daoust-Forget s’assure aussi que tous ses franchisés des bannières Les nettoyeurs Daoust, Les nettoyeurs Daoust-Forget et Nettoyeur Michel Forget respectent les normes de qualité du siège social. «Nous ramenons parfois des franchisés à l’ordre, surtout pour l’entretien, comme lorsque le néon d’une enseigne fait défaut, et ce, afin de faire attention à l’image de la marque», dit le président, Antoine Ciarlo.

Faire ces concessions n’est cependant pas trop restreignant, selon le pharmacien propriétaire d’une pharmacie Uniprix à Sainte-Anne-de-Bellevue, Maciek Zarzycki. «En ce qui concerne la décoration de la pharmacie, nous avons une norme globale à respecter chez Uniprix, dit-il. Nous pouvons cependant choisir nos fournisseurs de produits et les ser­vices que nous voulons offrir. J’ai ainsi implanté au cours des derniers mois des services d’anti-coagulothérapie et de formation pour les pompes à insuline dans ma pharmacie.»

S’adapter au quartier

Les franchiseurs et leurs franchisés doivent d’ailleurs ajuster leur recette à chaque région du Québec afin de répondre le mieux possible aux besoins des clients. Les nettoyeurs du Groupe Daoust-Forget offrent ainsi un service ultra-rapide les samedis dans la région de Montréal, tandis que le service est au minimum dans les centres plus éloignés. «En région rurale, les gens ont moins tendance à magasiner et à aller chez le nettoyeur en soirée et le samedi», note Antoine Ciarlo.

Le profil de la population du quartier change aussi la façon dont les franchisés du même groupe font leur mise en marché. «Une pharmacie située dans un quartier relativement âgé va mettre plus l’accent sur des produits comme des colorants pour cheveux, tandis que dans un quartier neuf qui compte beaucoup de jeunes bébés, ce sera plutôt les couches», illustre le porte-parole du Groupe Uniprix, Pierre Gince.

Parfois, la couleur régionale des franchises est plutôt amusante. Les Rôtisseries St-Hubert intègrent ainsi des thématiques uniques à certaines régions dans leurs succursales, comme la course automobile dans le restaurant de Berthierville, la ville natale de Gilles Villeneuve.

Signe que suivre une recette, même bien éprouvée, demande parfois une bonne dose d’originalité!

 

Franchises par secteurs d’activité au Québec

Restauration à service restreint 28 %
Commerce de détail 16 %
Réparation et entretien 15 %
Services personnels et de blanchissage 10 %
Services administratifs et de soutien 9 %
Restaurants à service complet 8 %
Services de location 7 %
Hébergement des voyageurs 2 %
Services professionnels, scientifiques et techniques 1 %

 

Source : Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Le profil de la franchise au Québec en 2003, Direction générale des communications et des services à la clientèle, 2004 (dernières données disponibles à ce jour).

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