Faut-il absolument être passionné par son travail?

Jeune femme passionnée
Photo : FCSCAFEINE / Shutterstock

«Suis-je réellement passionné par ce que je fais?» Voilà une question que vous vous êtes sans doute déjà posée… et vous n’êtes pas seul! La recherche d’une passion – ou pire, l’impression de ne pas en avoir – est source d’angoisse pour plusieurs travailleurs. Mais la passion est-elle vraiment indispensable? Et si tout ce temps, vous ne la cultiviez pas de la bonne façon?

Selon le professeur et chercheur en psychologie sociale Robert J. Vallerand, la passion peut se définir comme un penchant marqué envers une activité qu’on aime, qu’on trouve importante et dans laquelle on investit temps et énergie. On dit même de certaines personnes qu’elles sont de «nature passionnée», parce qu’elles ne comptent plus les heures qu’elles consacrent à leurs projets. En ce sens, la passion s’avère parfois être un trait de caractère plus qu’un idéal à atteindre.

Chercher à vivre de sa passion peut se faire de façon harmonieuse, mais aussi de façon obsessive. Le mot «passion» provient d’ailleurs du mot latin passio, qui signifie «souffrance». Cela donne le ton à ce sentiment qui, parfois, dépasse la raison.

En effet, on peut être dominé par sa passion et souffrir s’il ne nous est plus possible de la satisfaire. C’est le cas des sportifs de haut niveau, qui vivent parfois un choc lorsqu’il ne leur est plus possible de pratiquer leur sport. La passion devient alors synonyme de deuil.

L’absence de passion n’a donc pas à être vécue comme un manque. Au contraire, ce peut même être une libération : en cessant de courir après notre passion, on peut se mettre à la recherche d’un équilibre stimulant à la fois nos intérêts et nos compétences.

Atteindre le flow

Le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi a inventé le concept de «flow» : il s’agit d’un état psychologique optimal où l’individu se sent complètement immergé dans ce qu’il fait. Cet état s’apparente justement à ce que l’on appelle souvent la passion.

Pour l’atteindre, vous devez trouver un équilibre entre vos compétences professionnelles et les défis que vous apporte votre travail.

En effet, si un défi est plus grand que vos compétences, cela risque de créer en vous un sentiment de frustration ou d’impuissance. En revanche, des compétences beaucoup plus élevées que le défi peuvent donner un caractère ennuyant à vos tâches quotidiennes.

Un juste milieu entre le niveau de compétence et l’ampleur du défi est donc nécessaire pour vivre une expérience de flow, comme l’illustre le graphique ci-dessous.

Le principe du flow

Concrètement, voici comment vous pouvez optimiser le flow :

  • Évaluez vos intérêts réels;
  • Effectuez régulièrement un bilan de vos compétences professionnelles;
  • Déterminez des objectifs d’avancement, au minimum une fois par an;
  • Au besoin, sollicitez une plus grande variété de tâches ou la participation à un projet tenant compte de l’évolution de vos compétences;
  • Assurez-vous de pouvoir vérifier la progression vers l’atteinte de vos objectifs (évaluations, résultats identifiables, rétroaction);
  • Favorisez un climat de concentration qui vous permet de travailler avec spontanéité et aisance.

Cultiver la passion au travail

Ainsi, il est donc possible de cultiver sa passion au travail à travers l’expérience du flow… mais il n’est pas essentiel d’être passionné.

Le simple fait de trouver un équilibre, de chercher l’adéquation entre nos compétences et nos fonctions et d’avoir l’impression qu’on est au bon endroit au bon moment permet d’atteindre un état de bien-être au travail et de se dépasser tout en maintenant sa motivation.

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Catherine Leduc

Catherine Leduc est conseillère d'orientation chez BrissonLegris, une firme spécialisée en orientation, consultation et conception. L’entreprise aide les organisations et les individus de tous âges à planifier et développer leur parcours professionnel.