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Photo : Denis Beaumont / Shutterstock.com
Photo : Denis Beaumont / Shutterstock.com

Des vents contraires soufflent sur les économies régionales au Québec. D’une part, la montée du dollar canadien, la concurrence des pays émergents et les difficultés de l’industrie forestière fragilisent les emplois dans plusieurs communautés. D’autre part, la vigueur du secteur des services, la reprise de l’industrie minière et des grands travaux d’infrastructures créent une effervescence qui profite aux travailleurs. Portait de trois régions qui en bénéficient.

ABITIBI-TÉMISCAMINGUE

En raison de la forte demande internationale de métaux, l’extraction minière bat son plein et ragaillardit l’économie de l’Abitibi-Témiscamingue.

Après un recul de l’emploi en 2005, l’Abitibi a enregistré un gain de 2 400 postes en 2006 et le taux de chômage a chuté à 9 %, son plus bas niveau depuis 20 ans, souligne Sabrina Morin, analyste du marché du travail à Emploi-Québec. Une légère croissance de l’emploi s’est même installée en 2007.

Car si les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde, constituent des compétiteurs redoutables, ils ont aussi des besoins insatiables de matières premières. Une région-ressource comme l’Abitibi-Témiscamingue, qui bénéficie d’un sous-sol riche en métaux (or, argent, cuivre, zinc et nickel), est bien placée pour tirer avantage de cette situation.

«Plus la Chine produit et plus on écoule nos matières premières, le cuivre et le zinc notamment», souligne Luc Blanchette, économiste pour l’Abitibi-Témiscamingue à Service Canada. Il ajoute que les prix de ces métaux ont augmenté d’environ 300 % en moyenne depuis la fin de 2003, rentabilisant du même coup les investissements requis pour les extraire. Les projets d’ouverture de mines sont d’ailleurs nombreux, laissant entrevoir une croissance annuelle de l’emploi de 3,7 % entre 2007 et 2009 dans l’extraction minière et de 11,9 % dans la première transformation des métaux.

Cette poussée est certes bienvenue devant l’état de l’autre pilier économique régional, la forêt. Celui-ci éprouve des difficultés importantes, conséquences de plusieurs éléments défavorables : réduction de 20 % des droits de coupe, contrecoup de la crise du bois d’œuvre, forte poussée du dollar canadien, etc. Une grande incertitude prévaut aussi dans l’industrie des pâtes et papiers.

«Il semble que la politique de natalité fonctionne.»
— Luc Blanchette, Service Canada

La construction, en contrepartie, connaît des années fastes dans la région et la croissance annuelle de l’emploi y est anticipée à 3,6 % de 2007 à 2009. D’une part, on construit de nouvelles mines et, d’autre part, les municipalités de Val-d’Or et de Rouyn-Noranda font face à une pénurie de logements. Mais surtout, la construction hydroélectrique et de mines dans le Nord-du-Québec attire massivement la main-d’œuvre abitibienne.

La revanche des berceaux
Les tendances observées dans le recensement de 2006 sont encourageantes. «Le solde migratoire interrégional est toujours négatif, mais il diminue d’année en année. Alors qu’on perdait près de 2 000 personnes en 2001, ce nombre n’était plus que de 374 en 2006», note Sabrina Morin.

Le recensement de 2006 indique aussi un ralentissement marqué de la chute de population dans la tranche des 0 à 14 ans, et une première augmentation depuis des décennies de la tranche des 25 à 34 ans. Ces jeunes reviennent prendre les emplois disponibles dans la région et profitent des nouvelles largesses de l’État, selon Luc Blanchette : «Il semble que la politique de natalité fonctionne; le régime d’assurance parentale bonifié et les frais de garde réduits pour les enfants stimulent la croissance démographique.»

 

Laurentides

Tourisme, villégiature, construction, commerce, aéronautique : l’économie des Laurentides demeure l’une des plus diversifiées et dynamiques du Québec. Et sur le plan de la croissance démographique, elle devance toute la province.

Près de 4 000 emplois par an devraient voir le jour dans les Laurentides durant la période 2007-2009, prévoit Benoit Leduc, économiste à Service Canada. «Un rythme légèrement plus faible que lors des trois dernières années, mais tout de même l’un des plus forts au Québec», spécifie-t-il. Les services à la consommation (commerce de gros et de détail, restauration, etc.) représentent près du tiers des emplois dans les Laurentides, indique Robert Gareau, économiste régional à Emploi-Québec. Ce secteur d’activité connaît une expansion grâce à la croissance démographique et économique de la région.

Même si la construction résidentielle, après des années de croissance, ralentira ses activités, la construction industrielle et commerciale, en revanche, maintiendra le cap. «La désuétude des infrastructures routières et les besoins d’expansion des services publics, comme le traitement de l’eau en raison de la croissance démographique et industrielle, favoriseront aussi la croissance de l’emploi dans le secteur des services professionnels,scientifiques et techniques», observe Benoit Leduc.

L’économiste ajoute que la croissance de l’emploi manufacturier dans la région devrait atteindre 1,5 % par an en moyenne d’ici à 2009, comparativement à 0,6 % pour le Québec. Ce qui s’explique par le dynamisme des sous-secteurs de l’aéronautique, du matériel de transport, de la fabrication de machinerie, de produits informatiques et électroniques ainsi que de produits métalliques.

Le secteur récréotouristique attire d’énormes investissements. Les phases 3 et 4 du développement du centre touristique Mont-Tremblant, incluant les travaux d’infrastructures payés par les gouvernements, totalisent un milliard de dollars. Un autre gros projet, celui du complexe commercial et récréotouristique Lac Mirabel, prévoit des investissements de 450 millions. Selon le promoteur, de 6 000 à 8 000 nouveaux emplois devraient être créés.

Le secteur récréotouristique attire d’énormes investissements.

Du sang neuf
L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) prévoit que la région bénéficiera de la plus forte croissance démographique au Québec d’ici à 2011, avec une hausse de 5,4 % de la population, comparativement à 2,2 % pour l’ensemble de la province. Cela aura une influence positive sur la demande dans les domaines de la construction, des services publics, de l’enseignement ainsi que de la santé et des services sociaux, d’après Benoit Leduc et Robert Gareau.

«Selon l’ISQ, l’âge moyen de la population des Laurentides est passé de 37,2 ans en 2001 à 38,5 ans en 2005, détaille Benoit Leduc. Durant la même période, l’âge moyen au Québec est passé de 38,4 ans à 39,6 ans. Cette mesure indique donc que la population des Laurentides vieillit un peu plus rapidement que celle du reste du Québec. Malgré tout, elle demeure globalement plus jeune que la moyenne grâce, entre autres, à la migration de jeunes familles sur le territoire.»

 

Montréal

Le marché du travail connaît une embellie significative à Montréal. Pourtant, l’industrie manufacturière a perdu des plumes à cause de la forte poussée du dollar et de la concurrence étrangère. Mais en contrepartie, les services et quelques secteurs manufacturiers de haute technologie ont insufflé leur dynamisme à l’économie régionale.

Le taux de chômage a baissé de façon marquée à Montréal. «Au début de l’année 2007, il est passé sous la barre des 10 %. Nous étions toujours demeurés au-dessus depuis 20 ans, sauf à une ou deux reprises au début des années 2000», note François Laverdure, économiste à Emploi-Québec.

Moteur de croissance
Le moteur de cette croissance est le secteur des services, précise Christian Bernard, économiste à Montréal International. «Les services professionnels, scientifiques et techniques sont au cœur du dynamisme de l’économie montréalaise, de même que les services administratifs, les services de soutien, l’industrie de l’information et l’industrie culturelle.» En ce qui concerne l’industrie du logiciel, la croissance est soutenue mais il ne s’agit plus d’une bulle, comme ce fut le cas au début du millénaire. On note aussi une forte poussée dans le sous-secteur du jeu électronique. «Cela représente actuellement environ 5 000 emplois dans la région de Montréal. À ce rythme, nous nous dirigeons sûrement vers les 7 000 ou 8 000 emplois à court terme, et je ne serais pas étonné que l’on approche des 10 000 après 2010», explique Christian Bernard.

L’emploi en fabrication connaît un repli, accentué par les difficultés qu’a traversées le secteur manufacturier traditionnel, comme le vêtement et le papier. En contrepartie, certains sous-secteurs manufacturiers à très haute valeur ajoutée sont en excellente santé, notamment la fabrication de produits pharmaceutiques, la fabrication de produits aérospatiaux et le matériel de communication.

Quant à la construction, des chantiers d’envergure sont en cours dans le secteur universitaire (universités McGill, Concordia, de Montréal et École de technologie supérieure), de même que d’importants travaux d’infrastructures (réfection de routes, d’aqueducs et d’égouts). Des chantiers majeurs sont également attendus : les deux super hôpitaux universitaires (CHUM et CUSM), le Quartier des spectacles, la réfection de la rue Notre-Dame, de la Cité du Havre et de l’échangeur Turcot.

Retenir les talents
Les prévisions de main-d’œuvre d’Emploi-Québec font état de 240 000 postes à pourvoir dans la région de Montréal d’ici à 2011, dont 170 000 liés aux besoins de remplacement. «Plusieurs employeurs craignent des pénuries de main-d’œuvre. D’autres croient qu’il est possible que certains travailleurs reporteront à plus tard leur retraite, ou qu’ils continueront à travailler à temps partiel», dit François Laverdure.

Christian Bernard note cependant que Montréal attire les jeunes — ils viennent y étudier — et qu’un bon bassin de main-d’œuvre est disponible : «Si nous voulons prendre la voie de l’économie du savoir, l’ingrédient numéro un pour y parvenir est de bien former, attirer et retenir les talents», soutient-il.

L'équipe Jobboom

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