Employés formés, pas enchaînés

Vous payez les droits de scolarité d’un employé inscrit à l’université. Pouvez-vous exiger qu’il demeure ensuite dans votre entreprise durant une certaine période?

Certains employeurs implantent une règle voulant qu’un salarié qui quitte rembourse une partie des coûts de formation engagés pour lui pendant l’année précédente. «En vertu du droit de gérance de chaque employeur, c’est possible d’exiger ce genre de modalité», indique Diane Lapierre, conseillère aux entreprises à Emploi-Québec.

Même s’il est possible d’instaurer une telle politique, c’est loin d’être l’idéal, soutient Martin Lapointe, directeur de projet au SIM (Service d’intervention sur mesure), une firme spécialisée en formation. «En soi, la formation est un facteur de rétention des employés. Ajouter des clauses négatives à cela n’est peut-être pas une bonne idée. Cela peut rendre plus difficile le recrutement, puisque les gens penseront qu’il y a anguille sous roche.»

Trouver la source

Si vos employés ne restent pas assez longtemps pour récupérer votre investissement, attaquez-vous aux causes de ce roulement de personnel, plutôt que de tenter de les enchaîner. «Il faut d’abord comprendre pourquoi ils s’en vont. Est-ce une question de climat, d’organisation du travail, de salaire inférieur à celui qu’offrent vos compétiteurs? Si c’est le cas, il vaut mieux régler ce problème», suggère Diane Lapierre. Ainsi, vous ferez d’une pierre deux coups : vous diminuerez les départs et améliorerez votre image.

Des exceptions

Par contre, il peut exister des cas d’exception. Associé chez Alia Conseil, une firme spécialisée en développement organisationnel, Patrick Rivard a étudié une dizaine d’entreprises ayant ce genre de politique. «C’est plus fréquent dans les grandes entreprises, pour les employés qui suivent, par exemple, des cours de MBA pour cadres, des formations très coûteuses. Mais c’est une tendance en déclin.»

Le conseiller suggère plutôt de partager la facture avec la personne concernée. «L’employé en tire aussi des bénéfices, puisque ses compétences sont transférables. Ainsi, il ne se sent pas coincé dans son emploi.» Bref, vaut mieux conserver vos employés parce qu’ils sont heureux au travail que parce qu’ils ont une dette envers vous!