Déménageur à vélo

Cet article a été mis à jour en juin 2013.

Utiliser un vélo pour transporter des meubles et des électroménagers, une folie? Pas pour Julien Myette, déménageur et écolo convaincu.

Je suis spécialisé dans les déménagements à vélo à Montréal. J’ai fondé mon entreprise en 2008. J’étais alors déménageur en camion et j’ai senti qu’il y avait de la place pour un service plus écologique et plus économique. Aujourd’hui, l’entreprise emploie une quinzaine de personnes qui tirent 10 remorques (des structures légères en aluminium avec des roues, qui s’accrochent derrière le vélo).

Je pense que Déménagement Myette est unique en Amérique du Nord. Il y a eu deux initiatives du même type aux États-Unis ces dernières années, mais elles ne semblent pas avoir réussi à décoller. À ma connaissance, une seule entreprise a repris le concept avec succès : MoveByBike, en Suède.

Au départ, je pensais seulement pouvoir transporter quelques morceaux par déménagement, un ou deux meubles, mais j’ai moi-même été surpris : on peut empiler beaucoup de choses sur les remorques. Je peux facilement charger l’équivalent de deux frigos sur une remorque. J’ai déjà transporté toutes sortes de choses : une grosse armoire antique, des canapés, un exerciseur… même une toilette! L’important, c’est de répartir le poids pour ne pas basculer.

Mais c’est sûr qu’on ne déménagera pas le contenu d’un gros 6 ½ sur 20 kilomètres. Plus il y a de stock, moins on peut faire de distance. On peut toutefois faire de longues distances pour un petit déménagement.

Au début, mon annonce ne mentionnait pas que j’étais à vélo, parce que je ne voulais pas faire fuir les sceptiques. Je m’assurais d’être en mesure d’exécuter la tâche et je faisais la surprise à mes clients. Maintenant, c’est tout le contraire : les clients nous appellent justement parce qu’on est à vélo! Souvent, c’est un parent ou des amis qui leur ont parlé de nous après avoir utilisé nos services.

On demande 40 $ l’heure pour les services d’un déménageur à vélo et 60 $ quand il en faut deux. C’est donc moins cher que deux déménageurs en camion, dont le taux horaire avoisine 80 $.

Chargé, on roule à environ 10 km/h. Le plus possible, on emprunte des rues à deux voies pour que les automobilistes puissent nous dépasser et continuer leur chemin. En même temps, ça nous donne de la visibilité parce que les grosses rues sont plus achalandées… On se fait de la pub!

Le plus désagréable, c’est la pluie. J’ai des bâches pour protéger le matériel, mais les installer ajoute à la tâche. Et puis, emprunter des escaliers mouillés et glissants avec des meubles lourds, c’est dangereux.

On ne travaille pas l’hiver. Je suis fou, mais pas à ce point-là!

Raphaëlle Derome

Répondre