Champlain… Samuel de Champlain!

Champlain

Qui savait que Samuel de Champlain, le fondateur de Québec jouait les espions pour le compte du Roi Henri IV? En allant visiter les contrées d’Amérique conquises par les Espagnols, supposément sous l’autorité du Roi d’Espagne, il rapportait de l’information permettant au souverain d’instaurer une colonie en Nouvelle-France plus tard.

C’est du moins ce qu’expose l’historien Éric Thierry en introduction aux écrits du Sieur de Champlain rassemblés dans Espion en Amérique.

D’entrée de jeu, Thierry relate les possibles origines de Champlain. «Possibles» car dans le cas du fondateur de Québec tout se confond. Les divers certificats de naissance ou baptistères sèment de fausses pistes. Déjà l’étoffe d’un espion! Même sur l’année de sa naissance, il y a une confusion historiographique résultant une différence de pas moins de 13 ans(1567 ou…1580?) entre les diverses sources.

Espion en Amérique regroupe trois récits de voyages de Champlain adaptés en français contemporains. Le tout abondamment commenté pour mettre en contexte.

À ceux qui s’attendraient à y trouver des récits enlevants où Champlain échappe à la mort alors qu’il est poursuivi par une horde d’ennemis ou de mercenaires sans merci, vous serez déçu. Non, il ne s’agit pas dans un récit d’espionnage s’apparentant à l’univers de Littell, Ludlum ou Clancy. Des complots, oui, il y en a, mais leur ampleur n’égale pas ceux qu’on pourrait imaginer dans tout bon drame d’espionnage.

En ce sens le titre Espion en Amérique s’avère un peu charrié. Les pérégrinations du navigateur n’ont pas le lustre des cavales de James Bond aux quatre coins du monde. Champlain ne semble pas non plus s’être laissé séduire par une jolie fausse blonde à l’accent trompeur cumulant 14 identités sous autant de nationalités.

Si les aventures du navigateur en nos terres peuvent appâter le lecteur québécois, ce qui toucherait d’assez loin («effleurerait» resterait plus approprié sans doute) l’espionnage et le transfert d’informations secrètes est plus associables aux voyages de Champlain au Mexique et à Cuba ou dans d’autres contrées d’Amérique Latine.

Toutefois, je le rappelle, espionnage il y a eu. Industriel même. Par exemple, Champlain a observé et noté les diverses techniques employés dans les mines d’Amérique Latine par les Espagnols. Henry IV savait que s’il voulait vaincre l’Espagne, les guerres transfrontalières à même le continent européen ne suffisaient plus. La donne internationale ayant changé, il fallait vaincre les Espagnols de par les mers, jusqu’aux nouveaux continents.

Comme quoi la mondialisation n’est pas une invention moderne… L’espionnage industriel non plus.

Espion en Amérique,1598-1603

Espion en Amérique,1598-1603
par Samuel de Champlain
Éditeur : Septentrion

ISBN : 9782894487495