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La cause fréquente du burn-out :
le style de gestion d’un patron

La dépression (souvent appelée trouble d’adaptation par le milieu médical), le « burn out » et la démotivation d’une personne s’expliquent souvent par l’incompétence d’un gestionnaire immédiat aggravée par un style de gestion qui blesse et humilie une personne pourtant (et surtout…) très compétente.

En effet, depuis moins d’un an, en tant que consultante, j’ai reçu plusieurs clients dont les situations présentent des similarités. Voilà pourquoi je choisis d’en parler par le biais de cette chronique. La situation aberrante qui explique leur mal-être a souvent un point en commun : l’incompétence et l’attitude d’un patron pervers. Que se passe-t-il ?

L’épreuve vécue par Véronique

Histoire vraie, nom fictif.

Véronique, une gestionnaire très compétente ayant un statut de cadre, dirige une équipe de gestionnaires chargés de divers points de service. Un nouveau directeur devient son patron et voilà que rien n’est plus comme avant.

Au fil des jours, suivant son arrivée, le nouveau directeur fait connaissance avec son personnel et détecte des compétences dominantes chez Véronique. Alors qu’il aurait pu s’en faire un bras doit, une alliée en reconnaissant son expertise, il semble se sentir menacé et agit négativement envers elle. Il l’isole, cherche continuellement l’erreur et se concocte habilement des chouchous avec d’autres membres de l’équipe plus juniors ou, prêts à tout, pour être dans les bonnes grâces du nouveau directeur.

Après plusieurs mois d’angoisse, de maux physiques divers, Véronique consulte et reconnaît ce dont elle est victime; un burn-out. Elle prend ses distances avec ce patron qui commence à miner sérieusement sa confiance en elle, fait le bilan de ses compétences, actualise son CV, pose sa candidature à des offres d’emplois et obtient un poste qui correspond à ses aptitudes. Pour Véronique, c’était la seule issue qu’elle entrevoyait avant de se voir quitter son poste en arrêt de travail pour dépression (dite : trouble de l’adaptation).

Si Véronique s’en sort gagnante, ce n’est pas la sortie « tête haute » que vivent tous ceux et celles qui gênent leur directeur immédiat avec leur expérience et leurs compétences.

Les conséquences d’une gestion toxique

Un style de gestion toxique donne lieu à des absences fréquentes qui précèdent souvent un arrêt de travail. En plus d’avoir des conséquences sur la performance d’une équipe, ce comportement occasionne un surcroit de travail dans l’équipe qui le subit, des coûts pour l’entreprise et pour les assurances, une baisse de revenu pour l’employé qui doit consulter un médecin qui diagnostiquera souvent un « trouble de l’adaptation »…

La victime d’un gestionnaire malveillant accumule des mois de souffrance, pendant ses heures de travail, le soir et le week-end alors qu’elle y pense constamment et que la situation devient le principal sujet de conversation avec son conjoint et ses amis. En général, l’insomnie est également de la partie.  Un jour, la victime s’avoue vaincue, avise son employeur de son absence pour « maladie ou épuisement ou burn-out » ou présente directement sa démission.

Des gestionnaires incompétents et… rusés

Certains gestionnaires (hommes ou femmes) carriéristes maitrisent l’art de se vendre au quotidien auprès de la direction ou lors d’entrevues de sélection. Ils réussissent alors à susciter la confiance et  obtenir une promotion, une mutation avantageuse ou un nouveau poste. En plus d’avoir le don de paraître compétents et de déguiser leurs faiblesses, ils savent s’approprier les résultats d’une équipe qui, quoique témoin de la situation et malgré le problème, obtient des résultats acceptables ou même positifs   qui pourraient toutefois être supérieurs.

Ces gestionnaires malveillants qui dégagent une aura de compétence et de contrôle de la situation  manient insidieusement les communications. Ils savent rendre vulnérable une personne qui pourrait être un allié rentable s’ils reconnaissaient et valorisaient cette personne qui détient des compétences, complémentaires aux leurs et essentielles à l’organisation.

Cela dit, ces gestionnaires sans scrupule ont néanmoins  des qualités et compétences, mais ils manquent d’intégrité concernant leurs limites. Ils choisissent d’utiliser la ruse pour obtenir un titre, des responsabilités, un salaire et une apparence de succès sans considérer l’impact qu’ils ont sur l’équipe qu’ils gèrent et surtout, sur les personnes qu’ils décident d’isoler.

Des compétences menaçantes

Le gestionnaire qui a le malheur de détenir les compétences manquantes chez un directeur pervers deviendra un ennemi à neutraliser. Ce patron fera en sorte d’ignorer ou de voiler les connaissances et habiletés de cette personne et cherchera ses lacunes qu’il soulignera avec satisfaction alors qu’elles sont fort secondaires dans le contexte. La personne compétente et allumée devient, au fil du temps, un bouc émissaire fragilisé. L’approche fonctionne malheureusement trop souvent.

Sous la direction de telles personnes, des gestionnaires ou employés de divers niveaux désireux de conserver leur poste acceptent de subir ce style de gestion toxique. Ils paient par contre le prix d’angoisses, d’humiliations et de non-reconnaissance qui finit trop souvent par avoir raison de leur santé physique et mentale. Après des absences fréquentes, ils obtiennent un arrêt de travail prolongé pour « troubles d’adaptation »… ces deux termes supposent que la personne devrait s’adapter à un tel style de gestion ?

Astuce et solutions accessibles pour éviter le burn-out   

L’issue la plus positive serait d’être aussi rusé que ce patron et de profiter de l’occasion qui s’offre  pour ajouter des cordes à votre arc et les utiliser pour évoluer professionnellement. Donc, déployez une stratégie gagnant-gagnant et, habilement faites en sorte de ménager l’égo de ce patron malveillant, en vous faisant rassurant et surtout non menaçant. Secondez-le discrètement afin de lui être indispensable et tenez le coup malgré les moqueries de quelques collègues. L’approche fonctionne, elle est souvent réalisable, mais pas toujours.

D’autres solutions peuvent être envisagées;

  • Prendre une distance émotive par rapport à la situation, analyser et même annoter les faits.
  • Reconnaître avec fierté ses compétences et qualités et exécuter au mieux son travail.
  • Éviter de tomber dans le piège de se juger sévèrement et de perdre sa confiance en soi.
  • Effectuer des démarches pour être muté à l’intérieur de la même organisation.
  • Amorcer une recherche d’emploi bien ciblé dans le but de démissionner, fièrement.
  • Au prix de beaucoup d’énergie et souvent de temps, il est aussi possible de monter un dossier d’harcèlement, si d’autres membres touchés font équipe avec vous.
  • Prioriser sa santé physique et mentale à « la vengeance » et à la sécurité financière. 

Le burn-out, un phénomène malheureusement pas si rare.

La technique est sournoisement utilisée par des gestionnaires (hommes ou femmes) arrivistes, opportunistes et manipulateurs. S’ils sont parfois jeunes et ambitieux, d’autres, plus expérimentés, mais aussi incompétents en gestion d’une équipe de travail, ils conservent tout de même leur poste et s’accrochent à leur sécurité d’emploi tout en agissant de la sorte.  L’absentéisme de l’équipe, les arrêts de travail et les burn-out de plusieurs membres du personnel devraient pourtant sonner l’alarme auprès des hauts dirigeants.
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Pour en savoir sur le burn-out:
La vie de famille est aussi une cause de burn out
Burn out, comment préparer son retour

Monique Soucy

Monique Soucy cumule plus de 25 ans d’expérience en tant que coach en développement de carrière et psycho-sociologue. Elle a aidé des milliers de personnes à réussir leur réorientation, à préciser leur profil professionnel, à personnaliser leur CV et à obtenir l’emploi convoité. Elle a écrit le livre J’ai mal à mon travail, publié aux Éditions de l’Homme et distribué partout dans la francophonie.