Capitaine sur le fjord du Saguenay

Rémi Deschênes, capitaine
Rémi Deschênes, capitaine pour la Société des traversiers, traverse de Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine
Photo : Valerie Busque

Mon job, c’est une affaire de famille. Mon grand-père a été le premier capitaine à assurer un service de ferry régulier à l’embouchure du Saguenay, dans les années 1920. Aujourd’hui, un des navires porte même son nom, le Jos-Deschênes. Mon père a suivi ses traces; il a pris sa retraite après 48 ans de service. Mon fils aussi est dans la profession. Il a été sur le traversier pendant deux ans et travaille maintenant sur un remorqueur à Sept-Îles. Moi, je fais la navette depuis 31 ans. Je fais 24 accostages par quart de 8 heures, donc 12 allers-retours.

J’ai choisi ce travail alors que j’étais tout jeune. Enfant, j’étais toujours sur le bateau. Le midi, j’allais à bord porter le lunch de mon père et, la fin de semaine, on allait faire des tours.

Ce qui fait la beauté de ce lieu, c’est son état sauvage. En septembre 1535, Jacques Cartier a vu le même paysage… sauf la ligne de transmission d’Hydro-Québec. Les levers et les couchers de soleil sont magnifiques. En plus, l’été, je vois des baleines et des bélugas. C’est important de garder ce paysage intact. Des fjords, il n’y en a pas beaucoup en Amérique du Nord.

C’est beau, mais c’est un endroit difficile à naviguer. Le trajet ne fait que 1,8 kilomètre, sauf que ce n’est pas un lac; c’est l’entrée du fleuve. Le courant peut atteindre sept nœuds; c’est parmi les plus forts sur le Saint-Laurent. L’hiver, j’ai vu des vents de 140 kilomètres à l’heure et l’été, il y a beaucoup de brume.

J’ai de la chance, car c’est depuis le poste de pilotage que la vue est la plus belle.

Les autres chanceux :

La sainte paix à la basilique Notre-Dame
• Il skie de 9 à 5
Expert en montres Cartier
Entourée d’orchidées
Au bureau parmi les tableaux
Il bichonne des Lamborghini

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